mercredi 18 juin 2008

Walden 2

Walden 2, écrit par B.F. Skinner en 1945, n'est pas un écrit scientifique, mais un roman et conte philosophique présentant une utopie régie par l'ingénieurie comportementale. Une belle oeuvre de science fiction, donc.

Le principe de cette utopie est bien entendu de chercher à construire la communauté parfaite, mais la particularité ici est la démarche expérimentale : des essais sont réalisés, ce qui fonctionne est gardé, ce qui ne fonctionne pas est abandonné. Le fondateur de la communauté, Frazier, fait visiter à une demie-douzaine d'universitaires ce nouveau lieu de vie, en expliquant son fonctionnement.

Le chapitre 13 m'a bien plu pour le programme d'éducation des enfants : apprentissage de la frustration, mais aussi du partage, et des comportements pro-sociaux... Un conditionnement systématique pour que tous deviennent bons.

Le chapitre 14 explique ensuite que d'autres révolutions ont eu ou non du succès en fonction des situations (le peuple était-il prêt, que vivait-il à ce moment...). Par exemple "Aimez vos ennemis" et "ne vous souciez pas du lendemain" est "une invention psychologique pour soulager un peuple opprimé" qu'était le peuple juif à l'époque de l'occupation romaine. Le responsable de la communauté expérimentale montre aux visiteurs que Jésus a découvert la pratique de l'émotion opposée pour éviter des dévastations intérieures.

Du fait de l'orientation comportementale, le mal est dans ce livre expliqué par les pressions de la société : sociale, économique, idéologique... En résumé, cette communauté expérimentale aurait moyen de devenir parfaite en construisant une société parfaite. En effet, si on élimine les conséquences positives à une mauvaise action ou une mauvaise émotion, celle-ci tendrait à disparaître par inadaptation. Ces émotions mauvaises auraient été adaptées dans le passé, mais ne le sont plus dans les conditions actuelles et font du mal à l'homme, qui a désormais la possibilité de les réduire, si la société elle-même ne les maintient pas. L'intervention de l'homme par sa science résoudrait toute souffrance pour instaurer un paradis terrestre.

En résumé, le paradis ne dépendrait que des contingences de renforcement, car l'Homme ne serait ni bon ni mauvais, son comportement étant contrôlé par les conséquences.

D'ailleurs, l'idée défendue par Frazier est que "ce que Jésus offrait en échange de l'amour de ses ennemis, c'était le paradis sur Terre, c'est-à-dire la paix de l'esprit." Ceci me semble en partie vrai, mais demeure très restrictif de ce que Jésus est réellement venu offrir : la réconciliation avec le Créateur, et sans fin. Frazier ne l'avait manifestement pas saisi...

Si vous connaissez les bases théoriques du comportementalisme, vous remarquerez que je n'ai pas fait allusion à deux autres éléments contrôlant le comportement, à savoir l'antécédent et le contexte situationnel. Une ouverture sur un prochain article...

3 commentaires:

Robert Lachance a dit…

Vous avez bien remarqué un élément important de Walden Two, la place que Frazier fait à Jésus dans l'évolution de l'humanité.

Frazier ne pouvait saisir que Jésus est réellement venu offrir la réconciliation avec le Créateur, et sans fin. Frazier croit que l'Homme a créé Dieu et non l'inverse. Il faudrait que je réfléchisse à la possibilité que Jésus serait venu offrir la réconciliation entre l'homme et l'Homme.

Walden Two n'est pas un paradis terrestre; c'est la visite guidée du rêve éveillé d'un intellectuel mégalomane qui se prend pour mieux que Dieu créé par l'homme. Ce livre est une autoanalyse des plus réussie.

J'ai résumé Walden Two par chapitre; il y en a 36.

http://robertlachance.wordpress.com/

Robert Lachance a dit…

Correction du lien sous mon nom.

Robert Lachance a dit…

Nouveau lien à mon nom.